Normes ou exigences de qualité de l' eau
A condition que les données toxicologiques et infectieuses soient parfaitement établies, il devient impossible d'établir des normes de potabilité de l'eau destinée à la consommation humaine
Leur insertion dans les règlements sanitaires ne doit cependant pas faire illusion car elles ne conduisent pas à la sécurité absolue.
En effet, devant l'impossibilité de prendre en compte plusieurs milliers de produits organiques susceptibles de se trouver dans l'eau, la liste sera obligatoirement incomplète.
Par ailleurs, la connaissance de la toxicité, et en particulier de la toxicité à long terme, des actions cancérogènes ou mutagènes a encore un caractère imparfait.
La détermination de la concentration limite autorisée dans l'eau de boisson doit évidemment tenir compte de l'apport alimentaire très largement prépondérant en particulier pour les éléments minéraux, et d'autres apports éventuels.
Ainsi apparaît la nécessité d'établir une limite d'ingestion dans le temps correspondant aux différents vecteurs alimentaires et à l'inhalation.
La dose journalière tolérable se définit comme étant la dose pour laquelle l'absorption quotidienne ne présente pas de risque pour les humains au cours de la vie entière.
Elle nécessite de connaître le niveau pour lequel on observe aucun effet nocif.
Lorsque cette valeur a pu être appréciée, on la rapproche du poids moyen retenu (70 kg) en appliquant un facteur de sécurité ou d'incertitude qui peut aller d'un facteur 10 à un facteur 1000.
Dans l'hypothèse où l'eau serait le seul vecteur de contamination, le rapport entre la concentration moyenne dans l'eau et la limite d'ingestion est constant.
Dans le cas contraire, c'est-à-dire en présence d'autres vecteurs de contamination, la limite d'ingestion serait fonction des autres apports éventuels.
Il est bien évident qu'aux niveaux considérés, les risques ne peuvent résulter que de l'ingestion du toxique pendant de longues périodes.
Le dépassement instantané de la concentration limite n'a donc qu'une signification restreinte, l'important restant de maintenir l'ingestion totale sur la période considérée dans les limites fixées.
Dans la pratique, les normes ont pour but de protéger la population, les individus et leur descendance contre les effets indésirables liés à la présence de produits chimiques ou d'éléments microbiens.
En fait, établies à titre préventif, elles comportent un très large coefficient de sécurité. Définissant l'aptitude à la distribution publique d'une eau, elles constituent un ensemble rassemblant des exigences de natures différentes.
Certaines de ces exigences portent sur des substances ou des micro-organismes définis constituant un danger sanitaire par leur seule présence ou si leur concentration atteint ou dépasse une certaine limite. Pour les substances chimiques, les normes fixent habituellement une limite de concentration et pour les micro-organismes pathogènes une absence dans un certain volume d'eau.
D'autres exigences portent sur les micro-organismes ou de groupes de micro-organismes jouant le rôle d'indicateurs. C'est ainsi par exemple que les coliformes et les streptocoques fécaux sont des germes vivant normalement et exclusivement dans les intestins des hommes ou des animaux à sang chaud. Leur présence dans les eaux est la preuve que cette eau a été contaminée par des matières fécales. Or pratiquement tous les micro-organismes susceptibles de polluer dangereusement une eau de boisson sont d'habitat fécal. Une contamination fécale de l'eau peut donc faire soupçonner le danger de la présence de micro-organismes pathogènes accompagnant ces indicateurs
si, parmi les individus ou animaux responsables de cette contamination, il y a des porteurs malades ou sains de ces micro-organismes. D'autres exigences enfin portent sur des groupes de substances (indices de pureté générale) décelées par certaines méthodes globales, les relations doses effets sont encore plus difficiles à définir (ex: oxydabilité au permanganate, demande en oxygène, indice phénol, détergents, test au bleu de méthylène, etc.).
Pour faire face à des insuffisances éventuelles des filières de traitement des eaux, le Conseil des communautés européennes a élaboré des normes de qualité des eaux superficielles destinées à la production d'eau alimentaire Cette limitation du niveau de pollution constitue pratiquement une disposition préventive destinée à réduire en particulier le risque de la présence de toxiques dans l'eau de distribution.
Il convient de noter qu'étant donné la faible efficacité des traitements pour certains éléments (chrome, cadmium, plomb, etc.), les valeurs limites fixées pour les eaux brutes correspondent aux concentrations maximales admissibles (CMA) pour l'eau de distribution. Par la suite, ont été rédigées des directives relatives à la qualité des eaux destinées à la consommation humaine Dans le but de tenir compte de la différence de qualité des eaux naturelles et de faciliter l'application des normes en prenant en considération les possibilités nationales et locales, les directives du Conseil des communautés européennes distinguent le niveau guide, la concentration maximale admissible, la concentration minimale requise.
Le niveau guide qui est en fait une concentration maximale recommandée représente un but idéal à atteindre; une eau dont les caractéristiques s'accordent avec ces concentrations peut être considérée comme d'excellente qualité.
La concentration maximale admissible est en fait assez improprement nommée car elle peut laisser supposer que tout dépassement même limité peut être dangereux pour la santé. En réalité, une eau dont la composition permet le respect des CMA est susceptible d'être utilisée pour l'usage domestique et plus particulièrement pour la boisson pendant toute la durée de vie de l'individu.
La concentration minimale requise s'adresse aux eaux ayant subi un traitement d'adoucissement. Elle correspond à la limite en dessous de laquelle la qualité d'une eau est diminuée et peut être à l'origine de troubles chez le consommateur. En dehors des paramètres ainsi définis, la directive indique les moyens à mettre en œuvre pour le contrôle de l'eau: fréquence et mode de prélèvement, analyses types, méthodes d'analyse.
Il n'a pas semblé raisonnable aux responsables d'établir plusieurs degrés de qualité de l'eau et le choix a été fait de ne retenir qu'une seule valeur guide qui, dans certaines régions ou certaines circonstances, pourrait être considérée comme un but à atteindre progressivement, l'essentiel étant avant tout de distribuer de l'eau avec des caractéristiques microbiologiques satisfaisantes.
La valeur guide a été établie pour protéger la santé de la population sur la base d'une consommation pour toute la durée de la vie.
Tout dépassement de la valeur fixée doit éveiller l'attention des autorités compétentes et les inciter à en rechercher l'origine dans le but d'y remédier dès que possible. Il convient de reconnaître clairement la nécessité d'apprécier qualitativement et quantitativement le risque et le bénéfice sans négliger d'autres facteurs comme les possibilités techniques et économiques. Pour les constituants chimiques, une exposition à des niveaux plus élevés peut éventuellement être tolérée dans le cas d'une pollution accidentelle en tenant compte des caractéristiques spécifiques de la substance en cause, de sa concentration et de la durée du temps de consommation. Pour les substances considérées comme carcinogènes ou suspectées de l'être, une valeur guide a été recommandée sur la base de la méthode d'extrapolation linéaire dite à plusieurs étapes avec un risque acceptable en général de moins d'un cas de cancer supplémentaire pour 100 000 individus.
Dans le cas où une concentration calculée à partir du risque cancérogène considéré (par exemple, un cas supplémentaire pour 100 000 personnes) ne peut être contrôlée analytiquement ou obtenue par la technologie disponible, il peut être envisagé de recommander comme valeur guide une concentration utilisable et d'estimer le risque cancérogène associé.
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